Le 14 juin 2022, j’ai assisté à une conférence virtuelle donnée par la Fondation canadienne du rein. Qu’on soit en insuffisance rénale terminale, qu’on ait reçu une greffe ou qu’on soit immunosupprimés pour une autre raison, on se pose tous une question: qu’est-ce qu’on doit savoir pour se protéger dans un monde où la covid est omniprésente, et les mesures sanitaires inexistantes? Bien qu’avec les variants, la covid semble moins dangereuse pour les populations en santé, pour nous ça reste inquiétant!
Plusieurs spécialistes et patients partenaires ont pris de leur temps pour venir nous en parler. Sans plus tarder, que devons-nous savoir, et quelles sont les recommandations officielles pour nous?
Les deux façons de se protéger de la Covid et des autres infections
Le premier spécialiste, Dr Upton D. Allen, est chef de la division des maladies infectieuses à l’Hospital for Sick Children affilié à l’Université de Toronto. Il nous a parlé de comment protéger les gens qui ont un système immunitaire plus bas (immunosupprimés, gens faisant de l’insuffisance rénale terminale ayant d’autres maladies reliées (ex.: pression artérielle, etc.), etc.
1ère façon de se protéger : être son propre protecteur
Premièrement, la personne est responsable de protéger elle-même! Pour ce faire, on porte un masque dans les endroits publics, on se lave les mains fréquemment et on garde une distance avec les gens. En gros on continue la base de ce qu’on fait depuis plus de deux ans!
2ème façon : le cocon protecteur
La deuxième chose à faire pour se protéger au quotidien est de se bâtir ce qu’il appelle un «cocon protecteur». Ce qu’on veut, c’est s’assurer que les gens les plus proches de nous participent à nous protéger. Ça nous permet d’avoir un environnement sécuritaire à la maison, et de diminuer les risques de contamination pouvant mener à de fâcheuses conséquences sur notre santé.
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La deuxième chose à faire pour se protéger au quotidien est de se bâtir ce qu’il appelle un «cocon protecteur». Ce qu’on veut, c’est s’assurer que les gens les plus proches de nous participent à nous protéger. Ça nous permet d’avoir un environnement sécuritaire à la maison, et de diminuer les risques de contamination pouvant mener à de fâcheuses conséquences sur notre santé.
Les gens dans notre bulle familiale doivent tous être complètement vaccinés (à moins de contre-indication pour eux, évidemment) et suivre les mêmes mesures de protection que la personne au système immunitaire plus bas (porter le masque et se laver les mains fréquemment). Avec leur aide, la personne à risque a au-moins la chance d’avoir un endroit sécuritaire pour elle; sa propre demeure.
Quoi faire lorsqu’on a des enfants/ados à la maison
Plusieurs personnes qui assistaient se posaient la même question que moi; qu’est-ce qu’on fait avec un enfant à la maison qui socialise? C’est assez simple pour mon chum et moi de se protéger, mais on souhaite que sa fille puisse avoir une vie sociale épanouie, malgré le besoin de m’offrir un cocon protecteur.
Ce qu’il recommande, c’est de créer principalement des interactions planifiées. Par exemple, ma belle-fille a un anniversaire auquel elle veut assister. Nous appellerions les parents à l’avance pour leur demander d’être vigilants aux symptômes de la covid chez les enfants et les adultes présents, afin qu’ils puissent nous appeler aussitôt pour aller la chercher si jamais il y a un risque. Si les enfants font quelque chose dans un lieu public et que nous ne sommes pas là, on va demander aux parents superviseurs de porter attention à l’environnement. Ils demanderont à ma belle-fille de porter un masque si l’environnement est louche.
Si c’est avec ses amis-es de sa classe, comme elle n’y porte pas de masque, elle n’a pas besoin d’en porter un avec eux. En cas de situation douteuse (genre, est-ce qu’un enfant a des allergies ou la covid?), elle pourrait y rester mais porterait un masque, et tenterait de rester loin de l’enfant douteux. 😛
On faisait déjà ça dans nos interactions avec nos familles et amis, et il nous faudra apprendre à être à l’aise avec la généralisation de cette façon de fonctionner. Elle peut voir son monde autant qu’elle le veut, mais il faut rester prudent.
On en a parlé avec la fille de mon chum et sa mère, et les deux sont très compréhensifs. On continue de vivre, mais on est vigilants! Je leur suis vraiment reconnaissante de m’offrir ce cocon protecteur, qui me permet d’être relax à la maison! ♥
Les traitements possibles en lien avec la covid
Il nous a également parlé de deux traitements possibles : Paxlovid et Evusheld.
Paxlovid
Peut-être avez-vous déjà entendu parler du Paxlovid? Cette médication permet de tempérer les symptômes de la covid. C’est pour le moment le seul médicament qu’on peut prendre lorsqu’on est déclaré positif à la covid et qu’on fait partie des populations à risque de développer des complications graves de la covid (Il en existe un autre administré aux femmes enceintes, le Sotrovimab). Le Paxlovid doit être pris dans les 5 premiers jours suivant le test positif à la covid.
Une amie insuffisante rénale m’a dit aujourd’hui que son néphrologue recommande aux patients qui ont moins de 30% de fonction rénale (stage 4 et 5) d’appeler leur néphrologue pour se le faire prescrire, car il pourrait avoir un effet néfaste pour vos reins. Dans tous les cas, appeler son équipe de soin pour leur dire qu’on a la covid et leur demander ce qu’on doit faire est une bonne idée!
Evusheld
Evusheld est un médicament utilisé en prophylaxie (pour prévenir les maladies) chez certaines personnes à haut risques de complications liées à la COVID-19.
Si j’ai bien compris, ce médicament est surtout utile aux gens qui ont reçu les vaccins alors qu’ils étaient déjà immunosupprimés. Ils n’ont donc pas eu une protection aussi grande avec le vaccin que la population générale. Le médicament ne remplace pas du tout la vaccination chez les populations à risque, mais peut constituer un complément de protection, comme l’indique cette fiche du Gouvernement du Québec.
Il peut également être utile dans le cas d’une personne qui ne peut être vaccinée en raison de contre-indication médicale (ex.: allergie ou autre).
Voici comment Evusheld fonctionne : on injecte des anticorps neutralisants créés en laboratoire dans le corps des gens qui en ont besoin, pour tenter de se protéger contre la covid. Donc, plutôt que de compter sur le corps de la personne pour créer des anticorps, on lui en donne des déjà existants puisque son corps n’en produit pas aussi bien que chez les autres personnes. Les anticorps fonctionnent environ 6 mois.
Pour savoir si on peut bénéficier de cette médication, il faut en parler à son médecin, qui jugera si c’est nécessaire pour nous ou pas. Dans mon cas, il n’y a pas de raison que je puisse en prendre puisque je ne suis pas greffée et que j’ai été vaccinée. Par contre, savoir qu’il existe certains médicaments qui peuvent fournir des anticorps même lorsque notre corps n’en produit plus aussi bien, je trouve ça cool et rassurant pour après la greffe!
L’horreur des unités de dialyse au début de la pandémie
Nous avons ensuite eu une présentation de Dr Veronica Silva, néphrologue. Elle nous a parlé de l’horreur vécue au début de la pandémie de covid sur les étages de dialyse dans les hôpitaux.
Elle nous a raconté la grande quantité de patients qui ont été infectés directement sur les étages de dialyse, lorsque nous ne connaissions presque rien. La quantité de patients infectée était très grande, et les gens contaminés ont souvent eu des conséquences très graves allant jusqu’à la mort. Comme l’hémodialyse se fait 3 fois par semaine à l’hôpital, pendant 4 heures à chaque fois, les gens tissent des liens profonds avec les autres patients. Imaginez l’impact mental de voir ses amis et/ou patients disparaître un après l’autre…
Maintenant, nous ne sommes plus dans la même situation sur les étages de dialyse. Après 2 ans et demi, on en connait plus sur la covid et sur comment la prévenir, bien que ce soit encore une toute nouvelle maladie. Les masques resteront obligatoire pendant encore longtemps, les employés ne rentrent pas s’ils sont malades, l’hygiène des mains est respectée. Si un patient a des symptômes, il doit en aviser les personnes qui le traitent pour lui offrir la dialyse dont il a besoin dans un environnement sécuritaire pour les autres.
La dialyse en temps de covid auprès de certaines populations difficiles
Corinne MacNab, travailleuse sociale auprès de patients rénaux, nous rappelle que bien que dans le monde ordinaire reprend sa vie normalement sans plus de restrictions, ce n’est pas la même chose dans les hôpitaux. Certaines personnes qui ont besoin de dialyse ont des troubles mentaux, puisque ça peut toucher toutes les populations. Le respect du port du masque et du lavage des mains peut être bien compliqué à faire respecter dans certains cas! Je n’avais pas réfléchi à ce point de vue là!
Deux témoignages sur le quotidien de gens immunosupprimés en temps de covid
Travailler avec des gens en temps de covid
Le premier témoignage vient d’une personne qui est photographe. Il nous raconte comment il peut continuer de travailler avec des gens malgré son statut d’immunosupprimé. Pendant longtemps, il n’a pas pu travailler vu la pandémie afin de se protéger. Aujourd’hui, sa femme travaille toujours de la maison, mais il a recommencé à travailler à l’extérieur. Pour se protéger, il porte toujours un masque et s’assure de bien souvent se laver les mains. Il reste à jour dans sa vaccination, et utilise sa voiture maintenant plutôt que les transports en commun pour rester en sécurité. S’il croit qu’un contrat ne sera pas sécuritaire, il ne le fait pas.
En gros, il a repris une vie normale, mais se protège beaucoup plus qu’avant. De plus, comme sa femme fait également attention, il a un cocon protecteur à la maison qui lui permet d’avoir une demeure sécuritaire!
Attraper la covid lorsqu’on est immunosupprimé
La deuxième personne qui est venue témoigner est également immunosupprimée suite à une greffe qu’elle a reçue il y a 10 ans. Dès qu’elle a senti des symptômes de quelque chose, elle a appelé son équipe de néphrologie pour déterminer ce qu’elle devait faire. Avec ses symptômes, ils lui ont demandé de se rendre à l’hôpital aussitôt. Elle avait attrapé la covid, qui a ensuite causé une pyélonéphrite (l’infection bactérienne d’un ou des deux reins) sur son greffon (le rein qu’elle a reçu d’une greffe). Elle a due être hospitalisée, mais on lui a rapidement administré du Paxlovid et son infection rénale a également été traitée.
Aujourd’hui, son greffon n’a aucune séquelle de l’infection qu’il a subi. Elle a pu obtenir rapidement les soins nécessaires à son rétablissement grâce à la rapidité de son appel vers son équipe de soin!
Une conférence nécessaire!
Je tiens à remercier la Fondation Canadienne du rein d’avoir organisé cette conférence, nous en avions bien besoin! Merci pour l’information, ça nous permet tous de rester plus en santé et en sécurité! ♥
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