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Le rejet du greffon et mes premiers signes de rejet

rejet greffon

À mon dernier rendez-vous avec mon équipe de greffe, j’ai appris le résultat de ma deuxième biopsie de mon greffon qui me permet de revivre depuis plus d’un an. Malheureusement, il y a des signes de rejet présents dans mon nouveau rein. Pourtant, l’équipe de greffe ne semble pas stressée avec ça. Quels sont les types de rejets et pourquoi est-ce que celui-ci n’est pas inquiétant à court terme? Creusons le sujet, autant pour me rassurer que pour en apprendre plus!

Un rejet du greffon survient lorsque le système immunitaire de la personne greffée reconnait le greffon comme étant un objet étranger et tente de le détruire en l’attaquant. Sans médication anti-rejet, ce dernier serait immédiat après la greffe. Pour cette raison, les greffés doivent prendre ces médicaments pour le restant de leurs jours, ou jusqu’au rejet du greffon.

Le rejet du greffon peut quand même se produire même si on prend nos médicaments anti-rejet. C’est une des épées de Damoclès qui pendent au-dessus de notre tête, l’autre étant les risques de cancer vraiment plus élevés que la population générale.

Le risque de rejet du greffon dépend du type de greffe, de la correspondance génétique entre le donneur et le receveur et de la santé générale du greffé. Dans la première année, le risque de rejet est de 10 à 15% selon certaines études. J’ai passé ce stade, mais un rejet chronique peut arriver n’importe quand.

Les suivis réguliers avec l’équipe de greffe servent à prévenir le rejet du greffon et à agir rapidement s’il se manifeste. Dans mon cas, il n’y avait aucun signe de rejet de mon greffon rénale dans mes tests d’urine ou mes prises de sang. C’est vraiment à la biopsie qu’ils ont trouvé de l’inflammation dans le greffon.

Un rejet du greffon ne signifie pas qu’on va perdre notre greffon. Selon le type et si découvert à temps, augmenter la médication anti-rejet pour augmenter son immuno-supression (baisser notre système immunitaire) est normalement suffisant pour revenir à la normale. Pris assez tôt, un rejet du greffon peut être traité sans aucune blessure permanente au greffon.

1- Le rejet suraigu

Ce type de rejet survient tout de suite ou dans les heures suivant la greffe. Dans ce cas, le corps rejette tout de suite l’organe. Ce rejet se passe en quelques minutes. Il est causé par le système immunitaire du patient qui reconnait des antigènes dans le greffon comme étant étrangers.

Ça arrive moins souvent qu’avant puisque plus de tests sont faits avant les greffes afin de s’assurer que le corps du receveur ne se soit pas déjà bâti une résistance aux anti-corps du donneur. Si tel est le cas, on ne fera pas la greffe pour éviter tout simplement ce type de rejet.

2- Le rejet aigu

Le rejet aigu se produit habituellement dans les premières semaines ou mois après la greffe. Le corps découvre la présence d’un corps étranger/dangereux (le greffon) et s’y attaque. Si ça ne se produit pas dans les premiers mois, un rejet aigu ne devrait pas se produire.

Il est possible de traiter ce type de rejet avec des stéroides (cortisone) ou des doses plus élevées de médication immunosuppressive. Sans traitement, le greffon sera détruit en une ou deux semaines.

3- Le rejet chronique

Ce type de rejet se produit lentement dans le temps des mois ou des années après la greffe. Les cellules du greffon meurent naturellement pour être remplacées par des nouvelles, comme pour tout le reste du corps. Par contre, les déchets que ça produit peuvent être reconnus par le système immunitaire du receveur comme étant étrangers.

Si tel est le cas, ça peut causer une lente mais constante attaque envers la source de ces déchets, c’est-à-dire le greffon. L’organe subit alors des dommages irréversibles créée par de l’intensification de l’inflammation. Cette dernière s’installe à force de combattre et de renouveller les tissus. Des cicatrices sont alors crées. Elles peuvent alors bloquer l’apport en sang -et donc d’oxygène- de l’organe. Sans sang, l’organe finit par nécroser. Pour plus de détails sur le rejet chronique (en anglais) : https://www.youtube.com/watch?v=gAK20PxNVWI .

Le rejet chronique est la cause principale des rejets d’organes, et une nouvelle greffe est éventuellement nécessaire. Seulement la moitié des reins greffés fonctionnent encore après 10 ans. La moyenne est plus élevée pour les greffes qui proviennent de dons vivants (comme dans mon cas, merci Frédéric :P). Elle se trouve entre 15 et 20 ans.

Dans les trois types de rejets décrits plus haut, c’est le corps du receveur qui attaque le greffon. L’autre catégorie de rejet est plutôt lorsque le greffon attaque le corps du donneur lorsqu’il réalise qu’il est dans un environnement qui ne lui ressemble pas du tout. Ça se produit surtout pour des greffes de moëlle osseuse.

Lors de ma biopsie de routine un an après la greffe, des signes de rejet du greffon ont été trouvés. Ils ont trouvé des signes d’inflammation dans le greffon. Mon corps se bat contre mon nouvel organe. Comme pour toute lésion, ça produit une réaction immédiate du corps pour guérir qui s’appelle l’inflammation. L’inflammation est également responsable du rejet chronique de greffe lorsqu’elle dure dans le temps, comme je l’ai écris plus haut.

Tous mes résultats de tests sont normaux (sauf la biopsie) et ma fonction rénale est normale. Ça nous indique que l’inflammation n’a pas eu de temps de créer des dommages. Mon équipe de greffe a augmenté ma médication anti-rejets. Elle s’attend à ce que ce soit suffisant pour terminer cet épisode de rejet. Il a été pris tellement tôt qu’il devrait n’y avoir aucune conséquence sur la fonction de mon greffon.

Un début de rejet du greffon prévenu plus qu’un rejet inquiétant

De ce que j’en comprends, il n’est pas clair dans la communauté scientifique si traiter le type d’inflammation qu’ils ont trouvé lors de ma biopsie améliore la durée de vie des greffons. Ne faire aucune action ne semble pas toujours amener vers un rejet chronique.

J’imagine qu’on est mieux de ne pas prendre de chances! Tant que nous ne sommes pas certains que de traiter n’a pas de valeur ajoutée, le faire en prévention peut être une bonne idée. Le risque en remontant ma quantité d’anti-rejets est que le virus BK redevienne actif dans mon corps comme il l’a fait l’an passé (je vous en parlerai bientôt) et qu’il attaque mon greffon. Augmenter mon immunosuppression vient également avec d’autres riques, dont les risques plus élevés de cancers.

On a donc le choix : augmenter ma médication au risque de réveiller le virus BK et d’augmenter mes risques de cancer, ou la garder au niveau où elle est maintenant et risquer le début d’un rejet chronique. Les choix de la vie de greffée sont fabuleux 😛

Penser au rejet est quand même assez stressant. Un jour, je risque de redevenir aussi ou plus malade que je ne l’ai été avant ma greffe. Je devrai peut-être faire de la dialyse pour survivre.

Mais bon, on ne sait jamais, il y a des gens qui vivent 50 ans avec une même greffe, souhaitons que je sois de ceux-ci! Dans tous les cas, il semble que je ne sois pas en danger pour le moment. Merci à mon corps et à mon greffon de me permettre de vivre encore pour un bout une vie assez normale!

À bientôt,

Judith – La guerrière MPR

Reine guerriere fond blanc

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